Les poubelles au régime !

Pertes et gaspillages alimentaires: de quoi s’agit-il exactement ?
Les pertes alimentaires sont la réduction involontaire de nourriture disponible pour la consommation humaine. Elles sont le résultat de chaînes d'approvisionnement inefficaces, de mauvaises infrastructures et logistique, d'un manque de technologie, de compétences, de connaissances et de capacités de gestion. Elles interviennent essentiellement aux stades de la production- après récolte et transformation, par exemple lorsque la nourriture n'est pas récoltée, ou qu'elle est jetée parce qu'elle a été endommagée durant la transformation, le stockage et le transport.
Le gaspillage alimentaire se réfère aux aliments parfaitement comestibles jetés intentionnellement, principalement par les commerçants et les consommateurs.

D’où vient le gaspillage alimentaire ? Quelles sont les causes et les conséquences ? Comment peut-on lutter contre ce phénomène désormais banalisé ?

logo-gaspillage-alimentaireDes poubelles boulimiques

Fruits, yaourts, viandes, fromages, œufs, pains, légumes, pâtisseries … tout y passe ! En moyenne, les Français jettent 20 kg de déchets alimentaires chaque année, dont 7 kg de produits non consommés encore emballés ! C’est toute l’Europe qui est concernée : nos voisins belges jettent l’équivalent de 174 euros de nourriture à la poubelle chaque année, et en Grande-Bretagne, 25% des aliments achetés sont jetés ! Un gaspillage qui a non seulement des conséquences sur le budget des ménages mais qui est aussi un non-sens environnemental !

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’Energie (ADEME) a lancé, une campagne pour dire stop au gaspillage alimentaire : il est désormais urgent d’adopter les bons gestes.

Des causes variées

Notre société a évolué, ses codes aussi. Notre façon de nous alimenter et notre rythme de vie ont bien changé. Plus pressé et moins attentif, le consommateur interprète souvent mal les dates de consommation, ne se préoccupe pas de l’organisation de son réfrigérateur.
Pire encore, il est sans cesse sollicité par les campagnes promotionnelles des grandes surfaces, souvent mal adaptées à sa consommation personnelle. Mais le consommateur n’est pas le seul fautif. La restauration collective, par exemple, ne prend pas assez en compte les besoins de ses utilisateurs. Trop pleines, les assiettes des cantines finissent régulièrement au fond de la poubelle !

La chasse aux gaspillages

Enjeux éthiques, économiques, sécuritaires, environnementaux … on ne compte plus les conséquences du gaspillage alimentaire. Pour réduire cet impact les gestes du quotidien sont simples. Acheter des quantités adaptées, examiner les dates de péremption, respecter la chaîne du froid, ranger logiquement les aliments au réfrigérateur, le nettoyer régulièrement, cuisiner les restes, pratiquer le compost, préférer les fruits et les légumes de saisons … sont autant de solutions pour réduire les déchets et éviter le gaspillage.

Le gaspillage alimentaire concerne tout le monde

L'étude française MODECOM de caractérisation des ordures ménagères révèle une relative uniformité des poubelles françaises : l'ADEME n'a trouvé aucune différence significative entre villes et campagnes, ni entre zones géographiques. Consultez l'étude ci-contre : "Composition des ordures ménagères et assimilées".

Pourquoi gaspille-t-on autant ?

Les causes sont multiples. Des causes sociologiques : modification des structures et de l'organisation familiales, des rythmes de vie, des perceptions développées vis-à-vis des denrées alimentaires.

Une méconnaissance sur la conservation des aliments : mauvaise interprétation des dates limites de consommation, mauvaise gestion du réfrigérateur...

Des pratiques commerciales, publicités, offres promotionnelles qui encouragent l'achat. Elles n'entraînent pas directement le gaspillage, mais il est évident qu'un achat ne correspondant pas, en qualité et/ou en quantité, aux besoins du ménage, entraînera plus facilement le gaspillage alimentaire.

Des pratiques dans la restauration (notamment collective) peu économes. Les quantités de nourritures servies ne sont pas ajustées aux besoins des clients, les plats ne répondent pas aux goûts des clients, la gestion des stocks et l'organisation en cuisine centrale ne sont pas optimisées.

Du gaspillage à chaque étape de la chaîne alimentaire

Depuis la culture du produit jusqu'à la consommation par les ménages, une quantité importante de nourriture est perdue à chaque étape (lors de la transformation du produit, de son transport, mais aussi chez les détaillants, les restaurants, les foyers, etc.).

En Europe et en Amérique du Nord, ces pertes représentent entre 95 et 115 kg par individu et par an, alors qu'en Afrique et en Asie, elles se situent entre 6 et 11 kg.. On estime ainsi que la moitié de la nourriture produite dans le monde finit à la poubelle.

Dans les pays les plus pauvres, la majorité des pertes a lieu avant d'atteindre le consommateur : 15 à 35 % dans les champs et 10 à 15 % au moment de la fabrication, du transport et du stockage.

Dans les pays les plus riches, la production est plus efficace mais les citoyens jettent beaucoup d'aliments. Ainsi, 2 317 057 tonnes par an de nourriture sont gaspillées dans la distribution en France (hyper et supermarchés + discount + épiceries et commerces de proximité) et 1 562 400 tonnes sont gâchés tous les ans dans la restauration (collective et commerciale).

Dans les foyers français, on jette 79 kg par personne et par an de déchets alimentaires, soit près de 5 300 000 tonnes. Sur ces 79 kg, 59 kg sont difficilement évitables (os, épluchures, etc.), mais pour les 20 kg restants (dont 7 kg d'aliments non déballés ou non consommés), un changement de comportement est nécessaire.

Pour connaître tous les gestes à adopter pour diminuer le gaspillage, consultez nos conseils "anti gaspillage". Pour en savoir plus, consultez le site du Ministère de l'Agriculture.
Au total en France, le gaspillage alimentaire s'élève à plus de 9 millions de tonnes par an (soit 137 kg par personne), sans compter les pertes de la production agricole et des industries agroalimentaires.

Londres jette suffisament de nourriture pour remplir 12000 bus à étage.
Jeter un steak représente un gâchis énergétique équivalent à une distance de 5 km parcourue en voiture, ou 70 heures de consommation d'une ampoule ou encore 4 cycles de lave vaisselle.

La nourriture jetée dans les pays développés représente 7 fois ce qu'il faudrait pour nourrir le milliard d'êtres humains qui souffrent de la faim dans le monde.

En France, l'entreprise Boyer qui transforme les fruits jetés en méthane parvient à approvisionner en électricité 150 familles et à chauffer 90 familles. Cela représente 100lkwh d'électricité par mois.

Il existe 200 unités de méthanisation de ce type en France contre 3000 en Allemagne.
L'objectif du Grenelle de l'environnement était de générer 500 000 tonnes équivalent pétrole d'énergie à partir de cette source d'énergie. En Bouche du Rhône, un programme concernant 5500 élèves leur a permis de réduire le gaspillage à la cantine de 30%.
En Grande Bretagne, un programme similaire à permis de réduire la gaspilllage de 4,7kg à 2,2kg par semaine et par foyer. 1072 supermarchés de France jettent pour 850 millions d'euros de nourriture, ce qui correspond à 1/6eme du budget annuel des restaurants du coeur.

Les enjeux environnementaux

Le cycle de vie de la nourriture d'un Français moyen représente environ 20 % du total de ses émissions quotidiennes. Un repas = 3 kg de gaz à effet de serre (source ADEME)

Gaspillage alimentaire et consommation d'eau

De manière générale, chaque aliment de base représente un certain volume d'eau consommé pour le produire, le transformer, le préparer, l'emballer, etc.
A titre d'exemple, il faut :
1 000 litres d'eau pour produire un kilo de farine.
16 000 litres d'eau pour produire un kilo de viande rouge.
À travers une étude intitulée « Du champ à la fourchette - limiter les pertes et le gaspillage dans la chaîne alimentaire », les organisations internationales rappellent que des quantités énormes de nourriture sont jetées au cours de leur transformation, leur transport, dans les supermarchés ou encore dans les foyers.
Ce gaspillage est d'autant plus inquiétant que les besoins en nourriture et par conséquent en eau risquent de doubler d'ici 2050.

Les enjeux économiques

Gaspiller de la nourriture, c'est aussi indéniablement gaspiller de l'argent. Et mises bout à bout, les économies que l'on peut faire en faisant un petit effort pour moins jeter deviennent considérables !

Les enjeux éthiques

- Si on estime que ¼ de la nourriture produite à l'échelle internationale est jetée sans être consommée, on ne peut oublier que plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde.
- Quand on parle de gaspillage alimentaire, il apparaît ainsi indispensable de sensibiliser à un problème qu'il faut non seulement replacer dans la perspective de la crise alimentaire mondiale, mais aussi dans le contexte social propre à chaque pays : la sous-alimentation touche une partie de la population française, autant que celle de ses voisins européens.
- En France, grâce à l'action des banques alimentaires, plus de 92 000 tonnes de produits alimentaires ont  bénéficié en 2009 à environ 740 000 personnes dont 46 400 tonnes qui ont ainsi échappé à la destruction (selon les chiffres de la Fédération française des banques alimentaires). Mais au total 3,3 millions de personnes en 2009 ont eu recours à une aide alimentaire.